PubliĂ© le 11/08/2022 Ă 0509 La premiĂšre Ă©dition des FestivitĂ©s campagnardes de lâUvarium organisĂ©es par lâAFRE Association Festive et RĂ©crĂ©ative des Eleveurs de Tarn-et-Garonne, se tient les samedi 13 et dimanche 14 aoĂ»t Ă lâUvarium. Le samedi 13, un marchĂ© gourmand rĂ©veillera les papilles et sera suivi dâun concert Pop-Rock avec "Rock on the road". Dimanche 14, expositions dâanimaux de ferme et de matĂ©riel anciens tractĂ©s, et quelques tracteurs anciens. Les enfants pourront cĂąliner les animaux de la ferme pĂ©dagogique et pourront caresser les lamas et alpagas de Christine, ils feront des balades Ă dos dâĂąnes et sâamuseront Ă la pĂȘche aux canards. Marie animera la journĂ©e avec Grive, sa vache instruite. Le vĂ©lomagicien du groupe Maverick animera une partie de la matinĂ©e fin de matinĂ©e et une partie de lâaprĂšs-midi. Le sculpteur Wilfrid Gadal du groupe Magic Song sculptera pour les enfants des ballons colorĂ©s et soufflera de grandes bulles de savon gĂ©antes. Les grands seront charmĂ©s par les chansons dâHervĂ© Hirondelle sâaccompagnant de son orgue de barbarie. Ils apprĂ©cieront le groupe Lo Reviscol qui effectuera plusieurs fois dans la journĂ©e, les danses sorties du folklore de la rĂ©gion. Le groupe de Country de Moissac sera prĂ©sent aussi pour inviter au voyage. Lâassociation MĂ©tiers dâAntan sera prĂ©sente et dĂ©voilera les mĂ©tiers de rĂ©mouleur, cordier, sabotier, vannier, tourneur, outils insolites, moulin a farinĂ©. Des stands de divers produits locaux seront installĂ©s. Le repas de midi sera concoctĂ© par lâassociation avec au menu melon/jambon, cĂŽtelettes dâagneau/flageolets, ou cĂŽte de porc/flageolets-mais uniquement pour ceux qui nâaiment pas lâagneau ; fromage dessert, cafĂ© vin rouge et rosĂ© compris. Renseignement et inscription au 09 61 07 65 42 et 06 83 08 60 29.
Codycross est un jeu mobile dont l'objectif est de trouver tous les mots d'une grille. Pour cela, vous ne disposez que des dĂ©finitions de chaque mot. Certaines lettres peuvent parfois ĂȘtre prĂ©sentes pour le mot Ă deviner. Sur Astuces-Jeux, nous vous proposons de dĂ©couvrir la solution complĂšte de Codycross. Voici le mot Ă trouver pour la dĂ©finition "En Corse, il est le fromage national »" groupe 241 â grille n°3 brocciu Une fois ce nouveau mot devinĂ©, vous pouvez retrouver la solution des autres mots se trouvant dans la mĂȘme grille en cliquant ici. Sinon, vous pouvez vous rendre sur la page sommaire de Codycross pour retrouver la solution complĂšte du jeu. đ
Introduction 1Dans lâombre des laiteries de lâappellation Roquefort durant presque un siĂšcle, les fromages des bergers-fromagers corses sortent depuis les annĂ©es 80 dâune existence domestique qui les confinait jusquâici Ă des transactions locales dominĂ©es par des relations dâinterconnaissances familiales et villageoises. Suite Ă lâarrĂȘt de la collecte des laits Ă Roquefort » et Ă la faveur de la croissance touristique, de nombreux Ă©leveurs, jusquâici livreurs de laits, ont transformĂ© leur lait pour une production fermiĂšre bĂątie Ă partir des savoir-faire fromagers locaux. 1 TPE trĂšs petites entreprises ; PME petites et moyennes entreprises. 2Dans le mĂȘme temps, une vingtaine de TPE dont quelques PME1 de taille rĂ©gionale, ont pris en charge une partie de la transformation des laits livrĂ©s Ă Roquefort pour la fabrication de fromages de factures diverses, plus ou moins inspirĂ©s de la tradition, et destinĂ©s Ă lâapprovisionnement de marchĂ©s urbains et extĂ©rieurs Ă lâĂźle Casabianca & Prost 1999. Lâappel Ă produire plus, engendrĂ© par une demande largement insatisfaite, conduit aujourdâhui Ă un foisonnement de types de produits et de marques qui sâinspirent tout autant des productions fromagĂšres traditionnelles types rĂ©gionaux que des grands standards technologiques caillĂ©s lactiques, pĂątes molles, pĂątes pressĂ©es etc.. Ce dynamisme commercial tend Ă donner une image brouillĂ©e du patrimoine fromager insulaire qui risque de nuire Ă sa rĂ©putation. 3Le succĂšs commercial obtenu gĂ©nĂšre des conflits entre les producteurs fermiers, les Ă©leveurs-livreurs et les entreprises laitiĂšres. Les tensions portent sur la lĂ©gitimitĂ© Ă utiliser lâimage des fromages de lâĂźle, mais aussi sur les cadres mis en place pour dĂ©finir une identitĂ© fromagĂšre lĂ©gitime » des productions corses. La crĂ©ation dâune interprofession nâa pas dĂ©bouchĂ© sur des compromis, et les justifications dĂ©ployĂ©es sur le choix des composantes qui comptent pour la dĂ©finition des fromages ne dĂ©passent pas les conflits. Aucune vĂ©ritable controverse ne parvient Ă dĂ©finir la place Ă accorder aux pratiques dâĂ©levage, au type de lait cru ou pasteurisĂ©, Ă leurs caractĂ©ristiques, aux pratiques de transformation susceptibles de fournir un cadre pour la dĂ©finition des fromages Millet 2017. Câest dans ce contexte que trois dossiers de certification officielle de lâorigine ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s Ă lâINAO. Cependant, ces dĂ©marches qui sâinspirent de trois types de fromages traditionnels, loin dâenclencher une dynamique de coopĂ©ration vertueuse, fournissent pour lâheure un cadre aux conflits entre les tenants dâune production typique et fermiĂšre et les tenants dâune valorisation Ă©conomique de la rĂ©putation fromagĂšre de la Corse de plus grande ampleur Sorba et al., 2016. 4Lâarticle interroge les tentatives de construction dâune origine corse par les acteurs professionnels et non professionnels engagĂ©s dans la reconnaissance des fromages de lâĂźle, suite Ă lâarrĂȘt de la fabrication du roquefort Ă partir des laits corses. Il analyse les modes dâexistence des fromages, les formes dâorganisation, les valeurs, les composantes et les objets qui soutiennent les diverses entreprises de qualification. 5La premiĂšre partie de lâarticle prĂ©sente le contexte initial Ă partir duquel va sâĂ©riger la question de la reconnaissance des fromages. Elle sâattache Ă identifier les modes dâexistence des fromages traditionnels pendant lâĂšre Roquefort. La deuxiĂšme partie dĂ©crit le foisonnement des entreprises, des types et des marques de fromages, suite au retrait des laiteries de Roquefort. La troisiĂšme partie prĂ©sente les enjeux liĂ©s aux dynamiques de qualification de lâorigine, les conflits et les controverses quâelles engendrent. Dans une derniĂšre partie, des pistes de discussions sur la qualification de lâorigine gĂ©ographique sont proposĂ©es au regard des nouveaux enjeux alimentaires. Du mode dâexistence des fromages traditionnels sous lâĂšre Roquefort Une communautĂ© agropastorale, ses fromages et ses rĂ©seaux 6Nous connaissons peu de choses sur les fromages, leurs caractĂ©ristiques, les pratiques de fabrication, leur distribution spatiale, leurs Ă©changes Ă lâintĂ©rieur et Ă lâextĂ©rieur de lâĂźle Ă©changes commerciaux via la diaspora et leur Ă©volution au cours des deux derniers siĂšcles. Les seuls travaux disponibles dĂ©crivent une consommation paradoxale dans laquelle le fromage constitue un pilier de lâalimentation sans quâon lui reconnaisse, semble-t-il, le statut alimentaire Ă la hauteur de ce quâil est aujourdâhui. Le produit est rĂ©duit Ă un accompagnement du pain ». Tous se passe comme si le fromage souffrait du stigmate adressĂ© au berger, et par lui aux petits ruminants, notamment Ă la chĂšvre. Câest ce que suggĂšre Pesteil qui note que, dans le questionnaire de lâan X, les maires interrogĂ©s Ă©vitent de prĂ©ciser les usages liĂ©s Ă la fabrication fromagĂšre Pesteil 2016. 7LâomniprĂ©sence des fromages dans lâalimentation insulaire quotidienne des Corses ne peut ĂȘtre remise en cause Ravis Giordani 2001. Mais Ă la diffĂ©rence du brocciu fromage au lactosĂ©rum maintes fois dĂ©crits dans les rĂ©cits de voyage et les chroniques locales, souvent avec emphase, le fromage ne semble pas digne de figurer parmi les aliments honorĂ©s sur les tables corses. Ces pratiques dâĂ©change des fromages Ă©taient encore communes Ă la fin du XXĂšme siĂšcle. 8Ricciardi-Bartoli 1992 nous rapporte un tĂ©moignage obtenu dans les annĂ©es 70 auprĂšs dâune villageoise les bergers venaient au village et nous achetions 50 kg de fromages pour lâannĂ©e, mais ça ne suffisait pas toujours, alors on achetait Ă lâĂ©picerie des fromages du continent, de la Vache qui rit ou du GruyĂšre ». Ce tĂ©moignage donne une indication sur le statut du produit en indiquant sa gĂ©nĂ©ricitĂ© et sa substituabilitĂ© par des produits extĂ©rieurs et ici de laits dâautres espĂšces. 9Des travaux dâenquĂȘtes Ă©tablis sur la base de tĂ©moignages oraux et Ă©crits ont tentĂ© de dĂ©gager quelques traits des Ă©changes et des usages des fromages au siĂšcle dernier Sorba & Biancarelli 2017. Dans les villages, les familles sâapprovisionnaient localement et les populations des deux villes, Ajaccio et Bastia, achetaient leurs fromages auprĂšs de marchands ambulants Figure 1. Selon la pĂ©riode de lâannĂ©e, les produits Ă©taient achetĂ©s frais, Ă quelques semaines, ou prĂȘts Ă ĂȘtre consommĂ©s. AchetĂ©s frais, ils Ă©taient placĂ©s dans des caves puis dans une caisse a media » pour un report de consommation. Les soins apportĂ©s aux fromages permettaient de rĂ©aliser une soudure entre les pĂ©riodes de production. Figure 1 Marchands de fromage du Niolu dĂ©but XIXe 2 Cette description sommaire nâintĂšgre pas, faute dâĂ©lĂ©ments suffisants, les Ă©changes commerciaux de ... 10LâĂ©conomie du produit sâinscrivait dans un registre que lâon peut qualifier de domestique Ă lâintĂ©rieur duquel lâusager participait, Ă la suite du berger-fromager, au travail de transformation du produit de fromagerie en aliment. Lâusage des produits, consommĂ©s en lâĂ©tat ou cuisinĂ©s, se faisait ainsi dans la continuitĂ© des pratiques de caillage du lait. Dans lâĂźle et Ă lâextĂ©rieur de lâĂźle, les fromages sont dĂ©signĂ©s par le nom du producteur, son appartenance familiale et son village2. Au sein de la communautĂ© des producteurs et des usagers, nul nâest besoin de qualifier les fromages que lâon sâoffre le plus souvent, dont on connaĂźt la forme, le format, le goĂ»t et Ă propos desquels les jugements sont faits avec la prudence qui sied Ă la rĂ©ciprocitĂ© des Ă©changes. 11Ă cĂŽtĂ© de la production assurĂ©e par les bergers-fromagers, un artisanat reposant sur quelques affineurs est signalĂ© notamment au cours du XXe siĂšcle Ă Calinzana. Il consistait Ă rĂ©munĂ©rer en nature ou en espĂšces des tĂąches dâaffinage, confiĂ©es la plupart du temps Ă des femmes de la rĂ©gion9. Cette activitĂ© nâa cependant pas dĂ©bouchĂ© sur une organisation artisanale ou industrielle de la production du fromage Ă©ponyme. 12En tout Ă©tat de cause, la question de la reconnaissance des fromages corses nâest pas posĂ©e durant une grande partie du XXe siĂšcle. Les Ă©changes se rĂ©alisent sans la nĂ©cessitĂ© dâĂ©noncer les qualitĂ©s des fromages qui demeurent dans une forme de gĂ©nĂ©ricitĂ© alimentaire. Dans lâombre de Roquefort 13Sans bouleverser lâorganisation rĂ©glĂ©e des Ă©changes domestiques des fromages corses, lâorganisation industrielle de la collecte des laits effectuĂ©e par Roquefort transforme en profondeur lâĂ©conomie laitiĂšre insulaire et les modes dâexistence des fabrications fromagĂšres locales. Figure 2 Laiteries et aires de collecte Espinasse, 1931 14De 1893, date de lâinstallation de la premiĂšre laiterie aveyronnaise Louis Rigal Ă Lumio nord-est de lâĂźle, jusquâau dĂ©sengagement de la marque en 1980, lâĂ©conomie laitiĂšre insulaire est placĂ©e sous un monopole de collecte. Ă lâexception de la production laitiĂšre de montagne, la quasi-totalitĂ© des laits de brebis est transformĂ©e sur place en fromages blancs. Ces derniers sont ensuite expĂ©diĂ©s dans les caves de lâAveyron pour ĂȘtre affinĂ©s en Roquefort. En 1962, au plus fort de la collecte, les laiteries de Roquefort traiteront 12 000 tonnes de fromage blanc fabriquĂ© Ă partir de laits achetĂ©s Ă des prix infĂ©rieurs Ă ceux pratiquĂ©s dans lâAveyron Figure 2 Vabre 2010. 15Un tel systĂšme Ă©conomique laisse peu de place Ă la transformation fromagĂšre locale, le berger autrefois fromager nâest plus quâun livreur de lait, perdant ainsi de son prestige, ses compĂ©tences de fromager ne sont plus valorisĂ©es » Delfosse & Prost 1998. La production fromagĂšre locale est rĂ©duite durant presque tout le XXe siĂšcle, Ă lâutilisation de laits de chĂšvre non achetĂ©s par lâindustriel ou de laits de producteurs transhumants. Figure 3 Laiterie Roquefort du village de Soriu Haute-Corse 16Lâabsence de concurrence et le dĂ©tournement des laits vers des fabrications extĂ©rieures Ă la tradition fromagĂšre insulaire sont Ă lâorigine de lâĂ©tablissement dâun marchĂ© captif exercĂ© sur les matiĂšres premiĂšres. LâomniprĂ©sence des industriels aveyronnais et le confinement domestique des fromages locaux expliquent en partie lâabsence de certification officielle, dans une Ăźle pourtant fortement marquĂ©e par le pastoralismeMillet 2017. Le dĂ©sengagement des industriels aveyronnais 17Suite Ă une prĂ©sence de prĂšs dâun siĂšcle, la marque Roquefort se dĂ©sengage en 1980 du bassin laitier corse Delfosse & Prost 1998. Le fameux Roquefort SociĂ©tĂ© ne sera plus fabriquĂ© Ă partir de laits en provenance de lâĂźle. DĂšs lors, lâĂ©conomie laitiĂšre insulaire se structure autour de trois types dâactivitĂ©s 18-Le retrait des industriels nâest que partiel, une laiterie moderne est construite par la SociĂ©tĂ© des Caves dans le nord de lâĂźle dans laquelle seront fabriquĂ©s des produits dits de diversification », dont la Feta. LâattractivitĂ© touristique de la Corse et lâexistence dâune population habituĂ©e Ă la consommation de fromages de brebis nâĂ©chappent pas aux responsables de la SociĂ©tĂ© des Caves et ils entendent bien diversifier leur gamme en y ajoutant des productions inspirĂ©es des fromages locaux, dont le Corsica ». 19Ensuite, la libĂ©ration partielle des laits, consĂ©cutive au dĂ©sengagement de lâAOC, favorise le dĂ©veloppement dâentreprises de transformation laitiĂšre insulaires. La moitiĂ© des laits rĂ©coltĂ©s par Roquefort est dĂ©sormais collectĂ©e par les laiteries locales. LâarrĂȘt de de la fabrication de fromages de marque Roquefort-SociĂ©tĂ© stoppe lâhĂ©gĂ©monie de la SociĂ©tĂ© des Caves, conduit Ă une concurrence et Ă une augmentation des prix du lait de brebis dont vont tirer parti les Ă©leveurs-apporteurs. Les autres laiteries, quant Ă elles, sâagrandissent Ă la faveur du marchĂ© des fromages de type corse, qui ne cesse de croĂźtre. 20Enfin, une consĂ©quence majeure du dĂ©sengagement va ĂȘtre la conversion de nombreux Ă©leveurs-apporteurs Ă la production fromagĂšre fermiĂšre. Celle-ci va se faire Ă partir des savoir-faire locaux et pour la fabrication des fromages traditionnels. Ce point est dâimportance pour comprendre les enjeux actuels de reconnaissance et de certification de lâorigine. En effet, la rapiditĂ© de la conversion vers des fabrications traditionnelles, sans encadrement technique dĂ©diĂ©, dĂ©montre la persistance de savoirs locaux et une rĂ©appropriation par voie de transmission familiale et de voisinage. 21Si aucune Ă©tude nâa Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă ce jour sur les modalitĂ©s dâapprentissage de ces producteurs convertis Ă la production fermiĂšre, on constate une distribution gĂ©ographique non alĂ©atoire des savoirs fromagers sur le territoire insulaire. Des aires gĂ©ographiques se dessinent au sein desquelles on note la prĂ©valence dâun type technologique. 22Ainsi, durant le siĂšcle dernier, le mode dâexistence des fromages corses repose sur la production et la circulation de produits rĂ©gies par des usages communautaires. Lâorigine des fromages corses ne fait pas dĂ©bat. Les produits sont littĂ©ralement encastrĂ©s dans la sociĂ©tĂ© villageoise Granovetter 1985. Le jugement de la qualitĂ© des produits semble contenu dans les usages et circule par des Ă©changes dâinterconnaissances. Ce sont les flux de laits qui constituent le centre de lâĂ©conomie laitiĂšre conventionnelle. Suite au dĂ©sengagement de lâAOP roquefort, les fromages traditionnels et leurs attachements locaux vont rĂ©apparaĂźtre au-devant de la scĂšne aux cĂŽtĂ©s dâautres productions qui vont reconfigurer les Ă©changes marchands. La reconnaissance des fromages est dĂ©sormais au centre des enjeux de la qualification et, plus gĂ©nĂ©ralement, de la structuration de la filiĂšre. 23Nous allons voir comment la libĂ©ration des laits, prĂ©cĂ©demment livrĂ©s aux laiteries dĂ©diĂ©es Ă la fabrication du roquefort, et lâĂ©mergence des producteurs fermiers, ont produit lâouverture et la confrontation des fromages traditionnels Ă de nouvelles configurations des Ă©changes. La Corse une origine aux identitĂ©s fromagĂšres multiples La persistance de pratiques fromagĂšres traditionnelles et territoriales ⊠3 Cinq types de fromages correspondant aux berceaux de production traditionnels sont retenus u ca ... 24Au tournant des annĂ©es 80, la production fermiĂšre est repĂ©rable autour des types » traditionnels prĂ©sentant un mĂȘme air de famille » et une mĂȘme provenance territoriale3. En effet, le long sĂ©jour de roquefort en Corse ne sâest pas traduit par la perte des savoir-faire fromagers locaux Prost et al. 1996. Nous avons vu que les laiteries de roquefort ne collectaient pas lâensemble des laits produits. Les laits de chĂšvre, les laits produits lâĂ©tĂ© en montagne et les laits destinĂ©s Ă la fabrication de fromages rĂ©servĂ©s Ă lâalimentation familiale ont assurĂ© la continuitĂ© des fabrications traditionnelles. Mais, si les nĂ©o-installĂ©s nâont pas fabriquĂ© de roquefort ou un produit dĂ©rivĂ©, câest aussi parce que les fromages traditionnels Ă©taient tenus » par les clientĂšles locales par leurs usages, leurs goĂ»ts. Les choix technologiques se rĂ©vĂšlent ĂȘtre le fruit dâune inscription dans une culture technique qui connecte les pratiques de fabrication et les usages de consommation sensu lato approvisionnement, conservation, pratiques culinaires et sociabilitĂ© alimentaire, etc.. âŠmais une identitĂ© commerciale aujourdâhui brouillĂ©e 25Si les Ă©changes domestiques sont aujourdâhui en partie dĂ©litĂ©s, la personne du producteur ne disparait pas pour autant des transactions. Le berger-fromager, son identitĂ© et ses liens avec la sociĂ©tĂ© locale, notamment avec le village, sont mĂ©diĂ©s par des Ă©quipements marchands conventionnels, notamment par les Ă©tiquettes apposĂ©es sur les fromages. Tout se passe comme si la personnalisation des transactions de la pĂ©riode antĂ©rieure se prolongeait sur les marchĂ©s de proximitĂ©. Les Ă©tals se peuplent dâune multitude de rĂ©fĂ©rences commerciales particularisĂ©es par les patronymes. 26Les entreprises fromagĂšres adoptent quant Ă elles des technologies standards, fondĂ©es sur la pasteurisation des laits. On trouve dans les commerces des productions fermiĂšres issues des pratiques fromagĂšres locales mais Ă©galement des grands standards de fromagerie tommes, crottins, bĂ»ches, fromages aux herbes, etc. Figure 4. Lâadoption croissante de pratiques fromagĂšres dâintroduction rĂ©cente et le dĂ©litement des pratiques traditionnelles convergent vers une Ă©rosion du patrimoine fromager insulaire et de sa diversitĂ©. Figure 4 La variĂ©tĂ© des fromages corses en Libre-Service Sorba, 2007 27La diversification de lâoffre mais aussi de la demande, alimentĂ©e par le tourisme et une forte Ă©conomie rĂ©sidentielle, font que les Ă©changes ne sont plus captifs des relations domestiques. En diversifiant les technologies, les producteurs captent de nouvelles clientĂšles et crĂ©ent de nouveaux liens commerciaux Cochoy 2004. Il sâagit de satisfaire une demande, en cours de changement, Ă la recherche Ă la fois de produits typiques et de standards fromagers. 28La demande en fromages corses est maximale lâĂ©tĂ© au moment mĂȘme oĂč la production laitiĂšre insulaire est quasi nulle. Alors que les fromages fermiers sont vendus dans leur quasi-totalitĂ© avant juillet, la production des entreprises fromagĂšres ne parvient pas Ă satisfaire la demande touristique estivale. A noter que les entreprises fromagĂšres assurent la plus grande partie des ventes rĂ©alisĂ©es sur les marchĂ©s extĂ©rieurs Ă lâĂźle. Ainsi, en dĂ©pit de lâabsence de toute qualification formelle, officielle ou mĂȘme locale et, par consĂ©quent, de toute information apportĂ©e aux consommateurs sur les qualitĂ©s des produits, les fromages corses se vendent bien. Les reconfigurations sociales et commerciales en cours fragilisent lâidentitĂ© des fromages corses regroupĂ©e dĂ©sormais autour de la seule banniĂšre corse. 29Câest ainsi que dans cette pĂ©riode qui suit le retrait de Roquefort-SociĂ©tĂ©, une identitĂ© des fromages se construit par dĂ©faut, Ă partir de dĂ©nominations sans lien avec la tradition fromagĂšre de lâĂźle et ses territoires. Les types traditionnels sont dĂ©signĂ©s par des catĂ©gories technologiques ou par des catĂ©gories rĂ©glementaires. Les administrations et les producteurs adoptent eux-mĂȘmes des dĂ©signations telles que pĂątes pressĂ©es », pĂątes molles », croĂ»tes lavĂ©es », croĂ»tes fleuries » ou encore, dans un registre rĂ©glementaire diffĂ©rent, les produits fermiers » ou les fromages laitiers ». Le plus Ă©tonnant est que ces catĂ©gories gĂ©nĂ©riques sont souvent intĂ©grĂ©es Ă la description associĂ©e Ă lâorigine en lieu et place des dĂ©nominations locales. Une gĂ©nĂ©ricitĂ© extĂ©rieure qui aboutit Ă une existence sans nom propre et Ă une image brouillĂ©e, qui sâoppose Ă toute possibilitĂ© dâattribution de qualitĂ©s en rapport avec lâorigine gĂ©ographique. Mise en visibilitĂ© et dĂ©nomination de types de fromages territoriaux 30Loin dâĂȘtre au cĆur des enjeux, la dĂ©finition de lâorigine des fromages corses nâest pas traitĂ©e. Les produits ne sont pas connectĂ©s aux conditions dâĂ©levage et aux caractĂ©ristiques des laits, pourtant originales races locales, mode dâĂ©levage, savoirs de conduite. En Ă©vitant de qualifier les fromages sui generis, tels quâils sont reconnus dans les berceaux de production, les organisations de producteurs se privent des appuis nĂ©cessaires Ă leur reconnaissance au-delĂ de leur territoire. LâĂ©vocation allĂ©gorique est de mise et les qualitĂ©s des fromages corses semblent aller de soi. Le dĂ©litement des relations entre producteurs et connaisseurs locaux conduit au dĂ©ploiement de caractĂ©ristiques construites Ă partir dâun Ă©quipement promotionnel et marchand inspirĂ© dâune image gĂ©nĂ©rique des fromages corses et des clichĂ©s qui lâaccompagnent figure 4 Sorba & AĂŻt Mouloud 2014. 31Câest dans ce contexte marquĂ© par lâignorance, voire la dĂ©nĂ©gation, des fromages locaux de la part des organisations professionnelles que la foire rĂ©gionale aux fromages fermiers de Venacu organise en 2001 la premiĂšre Ă©dition du Concours RĂ©gional des Fromages Fermiers de Corse. Le choix du lieu nâest pas neutre. Venacu, haut lieu du pastoralisme insulaire, lĂ©gitime le dispositif auprĂšs de la profession et de la sociĂ©tĂ© locale. La lĂ©gitimitĂ© du concours est clairement patrimoniale. Elle se fonde sur lâidĂ©e que le patrimoine fromager est lâaffaire de tous les Corses, professionnels et non professionnels. Le concours Ă©largit lâexercice collectif de dĂ©finition des qualitĂ©s des fromages Ă partir du goĂ»t des amateurs et connaisseurs locaux, producteurs et non producteurs, constituĂ©s en jury rĂ©gional Figure 5. Figure 5 Concours rĂ©gional des fromages fermiers de Corse Sorba, 2019 4 Il faut noter que, jusquâici, la littĂ©rature spĂ©cialisĂ©e française et internationale ne faisait que ... 32LâidĂ©e dâune typicitĂ© territoriale naĂźt et se concrĂ©tise autour des cinq types de fromage dont la rĂ©putation est la plus vivace et la plus assurĂ©e4. La dĂ©finition des types dĂ©bute par lâĂ©laboration dâun descriptif sensoriel Ă©volutif qui sâappuie sur des dĂ©gustations prĂ©paratoires au concours lui-mĂȘme. Figure 6 SĂ©lection de fromages par berceau de production Sorba, 2011 33Le jury rĂ©gional sâengage dans une construction progressive des territoires fromagers en mobilisant la notion de berceau de production » Figure 6. 34Les acteurs ont bien conscience que la fragmentation commerciale - et technologique - du patrimoine fromager insulaire fragilise la reconnaissance de lâorigine et potentiellement la rĂ©putation des produits Sorba 2017. Cependant, le choix des composantes communes pour la dĂ©finition de lâorigine corse est loin dâĂȘtre simple. Les acteurs en prĂ©sence Lâinterprofession laitiĂšre une reconnaissance institutionnelle 35LâInterprofession LaitiĂšre Ovine et Caprine de Corse ILOCC est créée en 1995 avec un fort soutien de lâEtat. Pour la premiĂšre fois, la profession fromagĂšre insulaire fait lâobjet dâune reconnaissance Ă©tablie en dehors du giron roquefort. LâInterprofession est formellement constituĂ©e de trois collĂšges le collĂšge des entreprises laitiĂšres 18 PME et TPE produisant 70% de la production fromagĂšre de lâĂźle, celui des Ă©leveurs apporteurs qui leur fournissent le lait et, enfin, celui des producteurs fermiers qui reprĂ©sente 350 exploitations produisant 30 % de la production fromagĂšre insulaire. 5 En 2020, le prix du litre de lait de brebis est en moyenne de 1,30⏠en Corse, de 0,90⏠dans lâAveyr ... 36Avec lâinterprofession, lâEtat et sa reprĂ©sentation rĂ©gionale, la DRAAF Direction RĂ©gionale de lâAgriculture et de la ForĂȘt entendait doter la filiĂšre dâune organisation permettant de rĂ©guler le marchĂ© des laits et de pacifier les relations entre les diffĂ©rents opĂ©rateurs, devenues tendues suite aux importations de lait. Une pratique particuliĂšrement lucrative du fait de lâĂ©cart des prix du lait5, notamment avec la Sardaigne distante de seulement quelques kilomĂštres. Une proximitĂ© qui met en tension constante le systĂšme fromager dans son ensemble du fait des possibilitĂ©s dâimportation offertes aux laiteries. Ă noter que les fromages sont vendus en Corse Ă un prix supĂ©rieur Ă la Sardaigne, mais dans une moindre mesure que les laits achetĂ©s deux fois plus chers. La crĂ©ation de lâassociation des producteurs fermiers Casgiu Casanu 6 Au plan rĂ©glementaire, les fromages fermiers DĂ©cret 2007-628 sont dĂ©finis dans les termes suivant ... 37Dans une rĂ©gion oĂč lâexistence de bergers-fromagers et la pratique de la vente directe sont particuliĂšrement importantes et anciennes, la crĂ©ation dâune association de producteurs fermiers est tardive. Lâassociation Casgiu Casanu » est créée Ă la foire de Venacu en 1999 pour dĂ©fendre les producteurs fermiers, face notamment aux entreprises fromagĂšres. Lâassociation prend en charge, non pas la dĂ©finition des fromages traditionnels, mais la reconnaissance du statut de producteur fermier ». Il sâagit par-lĂ de valoriser la diversitĂ© des productions fermiĂšres face Ă la standardisation industrielle ». LâidentitĂ© fermiĂšre revendiquĂ©e sâappuie Ă©galement sur la dĂ©fense de valeurs Ă©thiques. La profession de foi de lâassociation souligne que les productions fermiĂšres sont de taille humaine », que la proximitĂ© des Ă©changes » constitue un gage de solidaritĂ© entre les producteurs et les consommateurs ». Cependant, si la mention fromage fermier » impose de fait la provenance corse des laits utilisĂ©s, elle ne pose pas dâobligation formelle vis-Ă -vis de la tradition fromagĂšre locale et ne constitue donc ni une preuve ni une reconnaissance de lâorigine des fromages6. 38Lâinterprofession laitiĂšre est, dĂšs le dĂ©part, le siĂšge de dĂ©saccord sur les composantes de lâidentitĂ© des fromages corses du cĂŽtĂ© des entreprises fromagĂšres, il est attendu de la certification officielle des fromages une augmentation de lâefficacitĂ© Ă©conomique des entreprises en augmentant notamment la productivitĂ© laitiĂšre des exploitations dâĂ©levage. Du cĂŽtĂ© des producteurs fermiers, lâenjeu est la prĂ©servation dâune agriculture paysanne » fondĂ©e sur une production laitiĂšre locale et durable ». Conflits sur les composantes productives de lâidentitĂ© fromagĂšre des produits 39Lâinsuffisance des volumes de lait produits en Corse au regard de la demande estivale en fromages constitue la 1Ăšre cause des conflits entre les producteurs fermiers et les entreprises fromagĂšres. La plus grande productivitĂ© des Ă©levages demandĂ©e par les entreprises fromagĂšres est justifiĂ©e par lâinsuffisance de la production laitiĂšre insulaire dâĂ©tĂ©. De lĂ , lâimportation des laits Ă cette pĂ©riode est prĂ©sentĂ©e comme une nĂ©cessitĂ© vis-Ă -vis de lâentreprise et de lâemploi. 40Le raisonnement est quantitatif et la question de lâorigine des laits et de leur qualitĂ© spĂ©cifique nâest pas abordĂ©e, de mĂȘme que leur contribution Ă lâexpression des caractĂ©ristiques des fromages insulaires. Les laits sont maintenus dans une gĂ©nĂ©ricitĂ© muette et demeurent substituables. Aucune stratĂ©gie concertĂ©e nâest Ă©laborĂ©e au sein de lâinterprofession pour fonder les laits et les fromages sur lâorigine, au sens dĂ©fini par lâINAO, câest-Ă -dire en tant que combinaison de facteurs naturels et humains ». 41Ce qui constitue lâenjeu principal est lâusage commercial de la rĂ©fĂ©rence Ă la Corse sur les Ă©tiquettes des fromages. La valorisation collective des atouts dont disposent les filiĂšres ovines et caprines insulaires pratiques pastorales, lâexistence de races locales, des savoir Ă©lever et des savoir fabriquer nâapparaĂźt pas comme une nĂ©cessitĂ© Sorba et al. 2016. 7 Il est difficile de savoir Ă qui sâadressent ces interpellations publiques, aux consommateurs en gĂ© ... 42Câest en interpellant lâopinion publique locale par voie de presse que la dispute va se poursuivre7. La mise en problĂšme de lâauthenticitĂ© et de lâorigine va faire Ă©merger deux composantes de la reconnaissance jusquâici exprimĂ©es Ă bas bruits. 43La premiĂšre concerne la publicisation des relations entre les laits et les qualitĂ©s liĂ©es Ă lâorigine des fromages. Peut-on faire des fromages corses Ă partir de laits produits Ă lâextĂ©rieur de lâĂźle ? Lâinterpellation publique pointe les importations mais aussi la pasteurisation des laits. Elle fournit un argument aux producteurs fermiers mettant en Ćuvre des laits crus non thermisĂ©s. 44La seconde concerne les pratiques de fabrication associĂ©es aux berceaux de production traditionnels dont lâexistence publique est rĂ©vĂ©lĂ©e par le concours rĂ©gional de la foire aux fromages de Venacu. La foire devient de fait un acteur indirect du conflit intervenant en contrepoint de lâinterprofession. La sociĂ©tĂ© locale, ainsi que les producteurs fermiers dans leur grande majoritĂ©, voient dans le concours un moyen de donner une visibilitĂ© et un nom aux types de fromages traditionnels. La certification de lâorigine dans lâimpasse 45En lâabsence dâune reconnaissance officielle de lâorigine corse, chacun est autorisĂ© Ă associer son produit ou son entreprise Ă la Corse, de mĂȘme que chacun se sent fondĂ© Ă sâengager dans une dĂ©nonciation publique des autres producteurs. De surcroĂźt, rien nâinterdit un producteur dâutiliser lâimage de la corse sur les Ă©tiquettes de fromages fabriquĂ©s avec des matiĂšres premiĂšres dâimportation. Il sâen suit un climat de dĂ©fiance rendant la coexistence entre les diffĂ©rentes unitĂ©s de production difficile et sujette au conflit. De fait, la Corse fonctionne comme une marque collective Ă moindre frais, sans accord prĂ©alable de ses titulaires patrimoniaux Ollagnon 1984 ; Michon et al. 2012. 46La dĂ©nomination des fromages au moyen de la typologie du concours rĂ©gional va servir dâimpulsion et de base pour le dĂ©pĂŽt officiel de quatre dossiers de reconnaissance auprĂšs de lâINAO Institut National de lâOrigine et de la QualitĂ©. Trois sont dĂ©posĂ©s par des associations fermiĂšres proches de lâassociation Casgiu Casanu et un autre par lâILOCC. Cependant, lâeffet de cadrage qui aurait pu ĂȘtre attendu des demandes de reconnaissance nâaura pas lieu. Les conditions de production des laits races, milieux de production et savoir-faire de conduite pas plus que les pratiques fromagĂšres ne font lâobjet dâune rĂ©flexion collective. AprĂšs le passage des commissions dâenquĂȘte, et faute de suivi, les dossiers finissent par ĂȘtre classĂ©s sans suite par les instances de lâINAO. 47Lâexamen des processus de qualification des fromages corses et des conflits quâils engendrent, suggĂšre plusieurs pistes de rĂ©flexions. La premiĂšre porte sur les conditions de passage dâun registre domestique, nĂ©cessaire Ă la construction de lâorigine corse, Ă une valorisation marchande et Ă la reconfiguration de lâexistence des fromages quâelle suppose. La rĂ©ussite suppose une maĂźtrise collective des effets du dĂ©sencastrement » social et technique, et donc le risque de dĂ©sancrage », des fromages de leur berceau de production, phĂ©nomĂšne qui conduirait Ă banaliser le patrimoine fromager insulaire. Une tension apparaĂźt entre la construction conjointe de lâorigine et celle dâune rĂ©putation collective. Une origine corse plurielle construite sur un faisceau de liens aux territoires Le dĂ©litement des anciens liens aux berceaux de production et le risque de dĂ©sancrage 48Nous avons vu que les liens entre les bergers-fromagers, leurs animaux, leur lait, les fabrications, en un mot les pratiques productives, Ă©taient autrefois directement connectĂ©s aux usages locaux des fromages. Lâaffaiblissement et les changements de consommation consĂ©cutifs Ă la disparition des clientĂšles villageoises, Ă lâurbanisation et au tourisme les ont distendus durant la pĂ©riode rĂ©cente. La mobilisation des savoirs locaux ne suffit plus Ă la rĂ©alisation des transactions marchandes. Les plis », pour reprendre la notion proposĂ©e par Bessy et Chateauraynaud, qui activaient des repĂšres permettant des prises » par les clients, ont disparu Bessy & Chateauraynaud 1993. Ces plis enfermaient une histoire que le mangeur dâaujourdâhui ne connaĂźt plus Figure 7 et 8. Figures 7 et 8 Savoir-faire fromagers casgiu sartinesu Sorba, 2007 49Les anciens liens et lâencastrement culturel ne suffisent plus Ă maintenir les types de fromage territoriaux. Comment maintenir lâorigine en la dynamisant par de nouveaux liens ? Comment attacher les fromages aux nouvelles clientĂšles ? ConfrontĂ©s Ă des marchĂ©s distants, les laiteries ont anticipĂ© mais leur stratĂ©gie est surtout quantitative il sâagit dâapprovisionner une demande non satisfaite en fromage corse ». 50Les bergers-fromagers ayant statut de producteurs fermiers depuis la crĂ©ation de Casgiu Casanu ont, quant Ă eux, travaillĂ© Ă une requalification de leur production en fromage fermier. La gĂ©nĂ©ricitĂ© fermiĂšre est en phase de devenir une identitĂ© en soi. Le rapport direct aux clientĂšles rend possible au fil des transactions des emprunts Ă des types technologiques inconnus jusquâici en Corse caillĂ© lactique, fromages aux herbes. 51Une fois accompli, le dĂ©s-encastrement du mode domestique impose de donner une nouvelle existence au patrimoine fromager de Corse, autre que marchande et personnalisĂ©e. Le challenge auquel les producteurs et au-delĂ , nous lâavons vu, les amateurs de fromages corses doivent faire face, appelle un processus dynamique de qualification-requalification qui puisse soutenir une reconnaissance durable et appropriĂ©e des fromages Callon et al. 2000. 52On observe donc actuellement une tension entre les attachements locaux » et les nouveaux attachements » qui risque dâaboutir Ă un Ă©clatement du patrimoine fromager insulaire et in fine Ă lâimpossibilitĂ© dâune quelconque reconnaissance collective. 53La requalification des produits traditionnels en produits marchands, quâimplique une nouvelle insertion aux marchĂ©s, se traduit par une simplification des liens et, corrĂ©lativement, par une complexification des procĂ©dures de dĂ©finition et de contrĂŽle, consĂ©cutives Ă une dĂ©lĂ©gation de la gestion de la qualitĂ© dâorigine Ă dâautres acteurs, notamment aux professions du marchĂ© Cochoy & Dubuisson-Quellier 2000. 54Nous lâavons vu, la provenance des laits est au cĆur des conflits entre les fromageries fermiĂšres et industrielles. Le lait matĂ©rialise et constitue le faisceau de liens nĂ©cessaire Ă lâĂ©tablissement de lâorigine. Dans le cas des systĂšmes dâĂ©levage corses, câest le lait qui associe les composantes productives traditionnelles, comme les races, les pratiques ou lâalimentation sur parcours de plaine ou dâestive Figures 9 et 10. Ses aptitudes fromagĂšres spĂ©cifiques matiĂšres grasses et protĂ©iques, flores microbiennes dĂ©terminent les caractĂ©ristiques des fromages et les pratiques de fabrication. Or, les caractĂ©ristiques qualitatives des laits, pourtant essentielles dans le processus de reconnaissance, ont peu de place dans le travail de qualification des fromages au regard des enjeux quantitatifs. Figures 9 et 10 Savoir-faire pastoraux conduite en estive, Plateau du Cuscionu Sorba 2011 55Par ailleurs, lâinitiative de la foire et du concours qui dĂ©finit les types par territoire met un coin Ă une vision unique de la Corse et de ses productions un territoire perçu comme indivisible et sans nuance. Sans dĂ©nomination et sans ancrage territorial, comment est-il possible dâattribuer aux productions fromagĂšres corses des qualitĂ©s identifiables ? 56Lâexercice de dĂ©nomination pose en soi deux problĂšmes pouvant faire obstacle Ă la qualification et Ă la certification 57-En permettant le passage dâun aliment du quotidien Ă la qualification dâun produit dâexception, le fromage corse Ă©chappe en partie Ă lâidĂ©e dâun prix juste, Ă©quitable, dans une sociĂ©tĂ© fondamentalement restĂ©e segmentaire Gil 1984. 58Ensuite, la dĂ©nomination des types ne clĂŽt pas le conflit de lĂ©gitimitĂ© entre fermiers et laitiers. Bien au contraire, lâantĂ©rioritĂ© dans la tradition est revendiquĂ©e par chaque catĂ©gorie dâopĂ©rateur et les pratiques de fabrication traditionnelles connaissent une Ă©rosion manifeste. Le double dĂ©pĂŽt dâune certification du fromage de type venachese illustre les implications clivantes inattendues de la mise en visibilitĂ© par le concours rĂ©gional des types territoriaux. Repenser lâancrage par lâintĂ©gration des usages de consommation 59La figure du concours est stimulante lorsquâon cherche Ă comprendre les mĂ©canismes sociotechniques de la reconnaissance dâun produit alimentaire Ă contenu patrimonial. Le concours organise une scĂšne nouvelle Ă laquelle participent des acteurs habituellement polarisĂ©s par le marchĂ©, entre producteur-vendeur et consommateur-acheteur. La force du dispositif concours doit ĂȘtre recherchĂ©e dans la sĂ©quence dâĂ©valuation elle-mĂȘme le huis-clos des Ă©preuves et la proclamation publique des rĂ©sultats. Lâadresse faite in fine Ă la sociĂ©tĂ© locale a valeur de prescription des qualitĂ©s Ă partager pour trouver sa place dans lâidentitĂ© locale. Avec le concours de fromages de Venacu, la notion de produit identitaire Taddei & Antomarchi 2017 trouve sa pleine expression. En effet, la reconnaissance des fromages et des personnes est liĂ©e dans un registre identitaire. 60Lâenseignement du cas des fromages corses est cependant plus large. La qualification des fromages, activĂ©e par le truchement du concours rĂ©gional de la foire de Venacu, met en Ă©vidence les ressorts de lâancrage au territoire des produits alimentaires de terroir. Il sâagit bien dâun double ancrage auxquels il faut sâintĂ©resser celui du lien des produits aux pratiques de production, mais tout autant des liens aux usages locaux. Or, pour lâheure, aucun dispositif ne garantit ce double ancrage. En dĂ©pit de la rĂ©forme de lâINAO de 2006, les consommateurs locaux ne participent pas Ă la dĂ©finition des produits. Tout au plus sont-ils conviĂ©s aux contrĂŽles des produits mis en place par les ODG Organismes de DĂ©fense et de Gestion. 61La double inscription de lâancrage suppose des apprentissages au goĂ»t local qui objectivent lâorigine gĂ©ographique. Celle-ci est manifestĂ©e par des traces interprĂ©tables par les usagers locaux. Câest-Ă -dire des repĂšres et des indices significatifs suffisamment explicites pour traduire les usages locaux et fournir les prises nĂ©cessaires Ă lâĂ©valuation de la nature et de la force de lâancrage. La plasticitĂ© de ces relations entre les traces et leur interprĂ©tation explique que le double ancrage demeure assurĂ©, en dĂ©pit de la mobilitĂ© des mangeurs Ă©voquĂ©e plus haut et des dynamiques de qualification- requalification. Lâorigine des fromages face Ă de nouveaux enjeux de localisation et de proximitĂ© 62Les politiques de reconnaissance des produits et les dispositifs qui lâaccompagnent se voient confrontĂ©s Ă de nouveaux enjeux liĂ©s Ă la forte remise en cause des rapports entre producteurs et consommateurs. Alors que les promesses du entendaient effacer les distances, câest bien le retour Ă une plus grande proximitĂ© physique qui dĂ©termine la transition alimentaire. Que deviennent les qualitĂ©s de produits dont la rĂ©putation sâest bĂątie sur lâorigine, comme dans le cas des fromages corses, lorsque sont attendus avec force des attributs liĂ©s Ă la localitĂ© et la naturalitĂ© ? Lâirruption de lâaliment local dans le dĂ©bat sur lâauthenticitĂ© des produits sonne dans lâĂźle comme une rĂ©habilitation de la vente directe, laquelle, si elle est traditionnelle, ne garantit en rien le respect de la tradition fromagĂšre⊠Conclusion 63La recherche prĂ©sentĂ©e met en Ă©vidence la complexitĂ© attachĂ©e Ă la dĂ©finition des produits de terroir, Ă partir du cas de la relance et de la reconnaissance par la certification de lâorigine, des productions fromagĂšres traditionnelles de Corse. Elle confirme, aprĂšs de nombreux autres travaux Delfosse & Letablier 1999 ; de Sainte Marie et al. 1995 ; BĂ©rard & Marchenay 1995 ; Bouche et al. 2010, le caractĂšre construit de lâorigine des produits ainsi que la singularitĂ© des trajectoires de relance. La relance procĂšde dâune dĂ©finition dâautant moins univoque que le produit est culturellement ancrĂ© Dubeuf & Sorba 2002. 64En comparaison Ă dâautres rĂ©gions fromagĂšres, la reconnaissance des fromages corses traditionnels sâest constituĂ©e en problĂšme tardivement et, comme nous lâavons vu, elle nâest pas encore acquise. Est-ce le fait de la longue prĂ©sence de Roquefort dans lâĂźle ? De la pluralitĂ© des fromages et dâun excĂšs des points dâancrage » multipliant les liens Ă dĂ©faire et Ă refaire autre part et autrement ? Du caractĂšre vendeur de lâĂźle, particuliĂšrement auprĂšs dâune demande touristique ? Lâarticle nâapporte que des rĂ©ponses partielles. 65Lâarticle montre que la dimension patrimoniale des produits de terroir se rĂ©vĂšle lorsquâun individu ou un collectif sâattache Ă les dĂ©finir. La mise en scĂšne des types territoriaux et de leur dĂ©nomination par le concours rĂ©gional a rebattu les cartes, en rendant possible la reconnaissance dâune diffĂ©rence au sein du patrimoine fromager insulaire. Cependant, lâimportance historique du nombre de bergers-fromagers regroupĂ©s aujourdâhui par le statut de producteurs fermiers dâune part, et la stratĂ©gie de gamme dâentreprises laitiĂšres tournĂ©es vers une clientĂšle touristique de passage dâautre part, rendent difficile une gouvernance susceptible de dĂ©finir et de protĂ©ger durablement les fromages traditionnels. Le dĂ©s-encastrement des fromages vis-Ă -vis des savoirs locaux, de la culture technique et des usages culinaires fait aujourdâhui courir le risque dâun dĂ©s-ancrage. 66Un effort certain a Ă©tĂ© entrepris ces derniĂšres annĂ©es par des acteurs associatifs et des groupes professionnels pour identifier et dĂ©crire les productions fromagĂšres insulaires. La dĂ©nomination des fromages traditionnels a trouvĂ© un lieu dâexpression publique par la constitution dâassociations de dĂ©fense et des demandes de reconnaissance des types de fromages par territoire. Cependant la dĂ©marche pour lâheure est restĂ©e sans suite. Les fromages traditionnels sont aujourdâhui en concurrence avec dâautres choix technologiques Ă la fois rĂ©munĂ©rateurs et demandant moins de soins dâaffinage caillĂ©s lactiques, tomes et tomettes, fromages frais etc.. Le succĂšs de lâimage de la Corse sur les marchĂ©s va-t-elle jouer contre la tradition, va-t-elle conduire Ă la disparition de son patrimoine fromager ? 67Lâenjeu est grand. Il en va du maintien des activitĂ©s dâĂ©levage, notamment de leur composante pastorale, face Ă lâimportation croissante des laits et Ă la stagnation de la production laitiĂšre locale. Lâarticle dĂ©fend une configuration du systĂšme fromager fondĂ©e sur le double ancrage, par les pratiques productives et par les usages culinaires, que les seules forces du marchĂ©, mĂȘme de proximitĂ© et en vente directe, ne parviendront pas Ă stabiliser. A la faveur dâun retour au circuit de proximitĂ©, la reconnaissance des fromages, ou au moins une partie dâentre eux, peut trouver une nouvelle lĂ©gitimitĂ© qui va cependant devoir intĂ©grer les nouvelles attentes en matiĂšre de naturalitĂ© et de proximitĂ©. La possibilitĂ© dâun flĂ©chissement de la qualification des produits par lâorigine au profit dâautres grandeurs et dâautres valeurs est posĂ©e.
Ăa c'est du vrai fromage Pas votre merde industriel les gaulois Les prolos qui n'attendent mĂȘme pas qu'il y ait de la mousse et des poils sur leurs fromages Cazu marzu ou rien le prolo On dit casgiu merzu l'inculte Ta version vient de Sargaigne Je dirais plutĂŽt moisi Ă point Et tu bois quoi en accompagnement ? L'eau du Gange ? ça vaut pas un bon Casgiu Merzu servi avec ses vers Message Ă©ditĂ© le 21 fĂ©vrier 2017 Ă 203627 par moulespatiale Du vin Vous trollez sur la casgiu merzu mais j'en ai dĂ©jĂ mangĂ© et c'est trĂšs bon Ăa a un goĂ»t trĂšs fort, ça arrache si on est pas habituĂ© Il y a peu de vers hein c'est pas rempli par contre Message Ă©ditĂ© le 21 fĂ©vrier 2017 Ă 203729 par Calligraphia Le 21 fĂ©vrier 2017 Ă 203713 Calligraphia a Ă©crit Vous trollez sur la casgiu merzu mais j'en ai dĂ©jĂ mangĂ© et c'est trĂšs bon Ăa a un goĂ»t trĂšs fort, ça arrache si on est pas habituĂ© Il y a peu de vers hein c'est pas rempli par contreMon pĂšre qui a ses parents en Corse aime bien ,mon grand pĂšre en produisait , mais perso ça me tente pas ,j'ai dĂ©jĂ mangĂ© du fromage vachement fait et c'est trop acide Message Ă©ditĂ© le 21 fĂ©vrier 2017 Ă 203852 par moulespatiale FROMAGE ? TU VEUX DU FROMAGE ? Le 21 fĂ©vrier 2017 Ă 202437 Jhon_Jhon_BG5 a Ă©crit Cazu marzu ou rien le prolo merde je connais c'est le fromage avec des insectes et tout Juste des mouches de fromages qui pondent des oeufs et ça donne des vers de fromage Rien de ouf t'a pas des colonies de fourmis et sauterelles dans le bordel hein C'est grĂące à ça que les USA sont contre TAFTA si tu manges les vers, c'est pas dangereux ? Ca ne se dĂ©veloppent pas dans l'intestin car les mouches qui pondent des vers c'est dangereux hein... Le 21 fĂ©vrier 2017 Ă 204649 VoltageHight a Ă©crit si tu manges les vers, c'est pas dangereux ? Ca ne se dĂ©veloppent pas dans l'intestin car les mouches qui pondent des vers c'est dangereux hein...Bhein perso je sais que c'est illĂ©gal maintenant, on le produit que en labo et les corses l'achĂštent sous le manteau mais je sais pas si c'est pour ça ou car le fromage est trop fait En tout cas oui il est un peu dangereux. Message Ă©ditĂ© le 21 fĂ©vrier 2017 Ă 205349 par moulespatiale Plusieurs problĂšmes relatifs Ă la sĂ©curitĂ© alimentaire ont Ă©tĂ© abordĂ©s, notamment des risques de myase entĂ©rique ou intestinale3. En effet, les larves de Piophila casei pourraient transiter vivantes Ă travers l'estomac et pourraient s'installer un certain temps dans l'intestin, pouvant causer de sĂ©rieuses lĂ©sions alors qu'elles essayeraient de traverser la paroi intestinale. Les symptĂŽmes incluraient la nausĂ©e, des vomissements, des douleurs abdominales, et des diarrhĂ©es sanglantes. Message Ă©ditĂ© le 21 fĂ©vrier 2017 Ă 205703 par moulespatiale Mais sur un mort Victime de harcĂšlement en ligne comment rĂ©agir ?7GWF. 353 464 402 245 468 227 39 285 119