Crieurqui du haut des minarets appelle les musulmans à la prière. On dit aussi mouezzin. ÉTYMOLOGIE. Arabe, mouâdzdsin, crieur public. Wikipedia. Muezzin Un muezzin appelant du
Il est 13h27 à Istanbul. Des minarets de Sainte-Sophie s’élève la voix du muezzin. Elle clame Allah est le plus grand» et interpelle les fidèles Venez à la prière! Venez à la félicité!»Ils sont déjà là, par milliers, contemplant l’instant historique. Celui où Sainte-Sophie, qui fut au temps des Ottomans la première mosquée d’Istanbul convertie aussitôt conquise, résonne à l’unisson de celles qui l’ont suivie. Ce 24 juillet 2020, pour la première fois depuis 86 ans, les musulmans sont invités sous sa grande aussi Sainte-Sophie se reconvertit en mosquéeIl s’agit d’une invitation au sens le plus concret du terme. Cinq cents personnes ont été conviées au programme d’ouverture de la Mosquée Sacrée de la Grande Sainte-Sophie», le nouveau nom des lieux, en présence du président, Recep Tayyip Erdogan. Ministres, chefs de parti, représentants d’association, journalistes proches du pouvoir avaient reçu ces derniers jours leur carton d’invitation. Kemal Kiliçdaroglu, le chef du principal parti d’opposition, est l’un des rares qui manquent à l’appel. Il a refusé de prier devant les caméras».Tapis tourné vers La MecqueDepuis le début de la matinée, les fidèles foulent le tapis neuf aux nuances turquoise, dont le fabricant raconte fièrement que même les fibres 100% laine sont tournées vers La Mecque». Chacun se déchausse à l’entrée et les femmes, têtes voilées, avancent vers l’espace qui leur est réservé. En turban et tunique blancs, le chef de l’Autorité des affaires religieuses Diyanet grimpe les marches du minbar. Il tient un sabre dans la main gauche – une tradition ottomane – et prononce le sermon avant la prière rituelle. Nous sommes témoins d’un moment historique […] Dieu merci, c’est la fin d’une blessure profonde dans le cœur de notre nation», proclame cet imam, en préambule d’un prêche d’une vingtaine de minutes. Sous le dôme, les fidèles l’écoutent, éloignés les uns des autres par un mètre de distance sociale». La scène est toute différente dehors, sur la vaste esplanade et dans les rues adjacentes, où des dizaines de milliers de fidèles se joignent à la prière, presque collés les uns aux autres. Un écran géant retransmet les images de la mosquée, tandis que 21 000 policiers surveillent la foule qui se prosterne sous le soleil brûlant de midi.Il ne s’agit pas de gagner un nouveau lieu de culte. Derrière nous, il y a la mosquée de Sultanahmet, on pourrait très bien y prier. Il s’agit de prendre en charge l’héritage de notre ancêtre, le sultan Mehmet le Conquérant», s’enthousiasme Cihat Cengiz, un jeune enseignant qui a fait 150 km pour prier devant Sainte-Sophie. J’y étais déjà venu quand elle était un musée, c’était impossible d’y prier, les gens marchaient avec leurs chaussures là où les fidèles auraient dû poser leurs tapis. Grâce à notre président, la Turquie s’est enfin libérée de cette malédiction.»Cacher les fresques byzantinesAux premières loges, les yeux rougis par une nuit d’insomnie, Serhat Maden a hâte d’entrer dans l’édifice. Il ne comprend pas les critiques de certains pays étrangers. Nous ne convertissons pas une église en mosquée, nous récupérons une mosquée qui n’aurait jamais dû être musée!» s’exclame-t-il. Des frères musulmans du monde entier sont ici aujourd’hui… Nous respectons toutes les croyances et nous attendons la même chose des autres.»Tout est allé très vite. Le 10 juillet dernier, le Conseil d’Etat révoquait le statut de musée offert à l’édifice en 1934 par le fondateur de la République, Mustafa Kemal Atatürk. Son lointain successeur, Recep Tayyip Erdogan, décidait aussitôt de le restituer au culte. En pratique, moins de 15 jours auront suffi pour que le musée devienne mosquée, avec tous les aménagements que ce changement de statut défi cacher, tout en les préservant, les fresques et mosaïques héritées de la première vie» de Sainte-Sophie, l’église byzantine 537-1453. Les autorités ont choisi un système de rideaux, assurant que pas un seul clou» n’avait été planté dans la structure du en disparitionRecep Tayyip Erdogan s’est engagé à ce qu’en dehors des heures de prière, Sainte-Sophie reste ouverte à tous, musulmans et non-musulmans». Une allusion, d’abord, aux visiteurs étrangers. Car les minorités de Turquie, notamment les orthodoxes hellénophones – les Roums», descendants des Byzantins –, ont vu leur population fondre au fil du XXe siècle, à force de pogroms, d’expulsions, de également Priez pour eux, sainte Sagesse d’IstanbulLes Roums d’Istanbul étaient au moins 100 000 au début des années 1950, ils ne sont plus que 1800. Ceux-là ont accueilli dans un silence inquiet l’islamisation de Sainte-Sophie. Juste avant les pogroms de 1955, on lisait dans la presse des articles dénigrant et menaçant les Roums», se souvient Mihail Vasiliadis, figure de la communauté. Avec tous ces débats autour de Sainte-Sophie, on a vu réapparaître des articles similaires qui ont apeuré les Roums et toutes les minorités religieuses. A tel point que quand la décision sur Sainte-Sophie a été annoncée, beaucoup se sont dit Ouf! Cette affaire se termine sans qu’il nous soit arrivé quoi que ce soit». Cene serait non plus pas la première fois dans l’histoire que les musulmans seraient appelés à rester chez eux pour une prière qui doit habituellement se faire à la mosquée. «Il y a un Société Il s'agit d'une usurpation de notre religion », a déclaré le président de l'UIOF, Amar Lasfar, à la mosquée Lille Sud. Les musulmans de France luttent contre l'amalgame entre terrorisme et islam. Immédiatement après l'attentat contre Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier, l'islam officiel » a condamné l'agression. Toutes les fédérations qui assurent sa représentation institutionnelle, réunies jeudi matin à la Grande Mosquée de Paris, ont appelé les imams à condamner la violence et le terrorisme » lors de la prière, vendredi, et les fidèles à se joindre aux rassemblements dimanche. Lire aussi Charlie Hebdo » chez les musulmans, la peur de l’amalgame USURPATION DE NOTRE RELIGION » A Marseille, Haroun Derbal, l'imam de la mosquée El-Islah, a relayé l'appel, déclarant 99 % des membres de la communauté musulmane en France ne sont pas des frères Kouachi, pas des Mohamed Merah, pas des Mehdi Nemmouche. » L'imam a appelé à se désolidariser de ces actes et le faire savoir. Les musulmans doivent faire le pas. Pas parce que nous avons quelque chose à nous reprocher mais parce que certains Français ne connaissent l'islam que par l'intermédiaire des médias. Il faut montrer le vrai visage de notre religion. » Bien sûr, il faut appeler les gens à ne pas faire d'amalgame, mais ici, entre nous, il faut se dire un certain nombre de choses. Premièrement, je vois ces réactions sur les réseaux sociaux “Bien faits pour eux...” Ces gens se réjouissent de la mort d'êtres humains ? Non ! C'est mal. On ne peut se réjouir de ça. » A la mosquée de Lille-Sud, le recteur Amar Lasfar a également appelé à manifester dimanche non pas en tant que musulman mais comme citoyen ». Sur un ton emprunt de gravité, il a lancé, en introduction de la prière du vendredi Mercredi, à 11 heures, la France a été attaquée. Nous avons connu, nous, Français de confession musulmane, notre 11-Septembre. » Brandissant une affichette Pas en mon nom », l'imam a invité les fidèles à en faire autant. Il s'agit d'une usurpation de notre religion. Par notre silence, on donne du crédit. » Après la prière, les fidèles lillois se sont retrouvés devant la mosquée pour une minute de silence, réunis derrière une banderole Touche pas à mon pays », tout en brandissant des drapeaux français. Combien iront manifester dimanche ? Beaucoup ont peur. Il y a des messages qui circulent sur les réseaux sociaux disant que certains veulent en découdre avec nous mais bien sûr que je vais manifester », affirme Bouchra. La jeune femme voilée regrette d'ailleurs que le FN ait été écarté de la manifestation. Ça va les énerver. Je pense que ça va être notre fête pendant quelques mois... » NE PAS RÉPONDRE À LA HAINE PAR LA HAINE » A Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, le responsable de la mosquée Ennour savait que son prêche était attendu. C'est dans ce lieu de culte que l'un des deux auteurs de la tuerie à Charlie Hebdo, Chérif Kouachi, est venu souvent prier. Mohamed Benali a donc préparé minutieusement son sermon. Devant quelque trois mille fidèles, il a appelé tous les Français, et surtout les musulmans, à ne pas tomber dans le piège que certains veulent [leur] tendre. Ne pas répondre à la haine par la haine quand certains extrémistes profitent de l'occasion pour appeler à la vengeance ». M. Benali ne cache pas qu'il craint une réaction de repli de ses coreligionnaires. Il a vu certains messages sur les réseaux sociaux cherchant à minimiser la tuerie en arguant que les journalistes de Charlie Hebdo l'avaient bien cherché » Je suis consterné par ce type de propos », nous confie-t-il en aparté. Alors, il martèle son message de tolérance. A la sortie, les mines sont graves. Ce qu'ils ont fait n'est pas l'islam que je suis », assure Fousseynou Diakité, 40 ans. Nabila, drapée dans un voile turquoise, résume le sentiment général Comme tous les Français, je suis en deuil. » UN CIEL SANS ÉTOILES » Dans le 19e arrondissement de la capitale, Larbi Kechat, le responsable de la mosquée située porte de la Villette, faisait face à cinq cents croyants réunis sous la structure métallique, posée en bordure du périphérique. Ce vendredi, nous le vivons sous un ciel sans étoiles, a-t-il déclaré. Nous sommes attristés par cet acte sauvage et barbare qui a fauché des innocents. » Sans hésitation, chaque être humain ne doit avoir face à cette barbarie qu'un seul mot condamnation ! » On n'a pas à répondre d'actes de délinquants, on a de l'amertume au fond de nous », souligne devant le bâtiment un bénévole d'une quarantaine d'années qui ne souhaite pas donner son nom. On est victimes, comme tout le monde. Les caricatures ont touché les gens dans leur cœur », pointe Ahmed. Mais, ajoute Khaled El Khouly, 52 ans, on ne tue pas les gens qui pensent contre nous ». ON EST INQUIETS » Au Mans, dans la Sarthe, la grande prière du vendredi s'est déroulée dans le calme à la mosquée des Sablons. Le grand pavillon où se pressent chaque vendredi quelque cinq cents fidèles est désormais gardé par deux policiers vêtus de lourds gilets par balles. La mosquée avait fait l'objet dans la nuit de mercredi de deux lancers de grenades à plâtre qui n'ont fait ni dégât ni victime. Lire aussi Des mosquées prises pour cibles, les musulmans de France inquiets Reydouane, un bénévole vêtu d'un gilet jaune, filtre les entrées. Ce n'est pas un jour comme les autres, on est inquiets », mais il ne faut pas être parano ». L'imam Mohamed Lamaachi a d'ailleurs appelé à la tolérance et à ne pas répondre aux provocations. Bien sûr qu'on est tristes. Cabu, c'est notre jeunesse, c'est aussi notre patrimoine », s'indigne Mohamed Bentar, consultant en système d'information et président de l'association des travailleurs algériens. Mais ce dernier remarque que certains sont plus révoltés. Attaquer la religion, ça ne se fait pas », reconnaissent trois jeunes qui bien sûr » désapprouvent l'attentat terroriste. Nous, les musulmans, on nous voit comme des terroristes, renchérit un jeune converti qui refuse de donner son nom. Bien sûr qu'on redoute l'amalgame. La France est une société islamophobe. » Le Monde Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Découvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois ordinateur, téléphone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe. Cest le résumé du sermon de l’imam. C’est-à-dire que chacun doit prendre son prochain comme soi-même, le considérer comme il se considère lui-même et lui vouloir du bien comme il veut du bien pour lui-même», commente Mbackiyou Faye à la fin de la prière qui a vu la participation de centaines de fidèles musulmans.Publié le 13/10/2021 1259 franceinfo Article rédigé par Chaque soir, l’Eurozapping fait le tour de l’actualité dans les pays européens. Mardi 12 octobre, il est notamment question d’un rapport parlementaire à charge contre Boris Johnson, sur la gestion du début de la crise sanitaire du Covid-19. En Grande-Bretagne un rapport explosif sur la gestion de la pandémie a été publié. Il y est notamment question des hôpitaux débordés par manque d’anticipation et des milliers de morts qui auraient pu être évités si le gouvernement conservateur avait confiné le pays plus tôt. Le document accuse le gouvernement d’avoir joué la montre. “La mort de ma mère n’est pas un jeu. Je pense qu’elle a perdu la vie à cause des erreurs commises par ce gouvernement”, commente Lindsay Jackson, fille d’une victime du Covid-19. Le rapport lui concède pourtant d’avoir su se rattraper. Une ville, en Allemagne, autorise un appel à la prière musulmane. Dans les rues de Cologne, les fidèles musulmans vont pouvoir entendre cet appel résonner tous les vendredis après-midi. Cette décision de la municipalité est une première en Allemagne. “Les habitants de Cologne prônent la tolérance, explique Henriette Reker, maire de la ville. Ils aiment la tolérance, alors maintenant ils vont la vivre”.